Fic Bleach, GrimmjawRupi + Gin, UA, toute vérité n'est pas bonne à dire

[ishime]

Disclaimer :
Bleach et ses personnages ne m'appartiennent pas, sinon Grimmjow s'appelerait officiellement GrimmjAw et Rupi n'aurait pas mouru. 
Rating : R, pour allusion très glauques.
Notes :
Fic écrite pour sakoni, avec qui j'ai marchandé honteusement pour obtenir des fanarts d'un de mes personnages. Comme elle est au courant de la plupart de mes plot bunnies, je n'explique rien sur la situation des personnages. J'écrirai peut-être un jour ce projet, donc je vais éviter de spoiler les autres. Bref. 
L'histoire se passe dans un UA d'heroic-fantasy, avec pour héros le duo de Sexta. Rupi est un herboriste (comprendre, un magicien qui utilise les plantes) et Grimmjaw un homme félin, ancien mercenaire/bandit emprisonné par le magicien Aizen. Rupi a reçu une mission d'Aizen, et on a extirpé Grimmjaw des cachots/égoûts de la tour de Las Noches pour qu'il lui serve de garde du corps et de guide pendant son voyage. 

 

Sitôt les lourdes portes de Las Noches refermées derrière eux, Rupi pivota gracieusement sur ses talons et entreprit d'inspecter la tenue de son nouveau compagnon.

L'aspect de l'homme-félin n'était pas des plus engageants ; l'humidité, la boue et les mousses vert-de-gris des cachots de la tour d'Aizen le Grand semblaient s'être incrustés dans chaque recoin de sa personne, et l'épuisement causé par son long séjour à proximité de l'eau n'arrangeait en rien son allure. Sans mot dire, Rupi tendit le bras vers lui, effleura la courbe de sa mâchoire de l'index, suivit le tracé de sa gorge jusqu'au col de la tunique de prisonnier qu'on lui avait sans doute fait enfiler de force lors de son arrivée à Las Noches. Rupi connaissait les manières de maître Tôsen, son obsession pour la règle et l'ordre, son aversion pour la tribu de barbares dont était issu Grimmjaw. Il n'avait pas dû faire preuve d'une grande patience avec le plus violent guerrier auquel la tribu des hommes-félins eusse jamais donné naissance. A l'évidence, maître Tôsen n'avait eu cure ne fusse-ce que de le maintenir en vie ; quelques semaines de plus à croupir au fond de son cachot humide auraient eu raison des forces de Grimmjaw. Rupi referma son poing sur le tissu bruni de sa tunique et le frotta contre sa paume. Il battit des paupières et renifla de dégoût lorsqu'une fine pluie de débris de terre, de vieux sang séché et de moisissure tomba au sol. Il écarta prestement sa main, l'agita quelques secondes en l'air, dans le vain espoir d'en ôter les restes de saleté ; en dépit de ses efforts, une mince pellicule verdâtre s'accrochait à sa peau. Il réprima avec difficulté son envie de la nettoyer à l'aide de son autre manche. Ses vêtements ne se remettraient pas d'un contact avec une telle crasse. Il ramena son bras contre son flanc, en prenant soin de ne placer ni sa paume ni ses doigts en contact avec sa propre tunique.
Alors seulement il daigna porter son attention sur le visage de Grimmjaw.
- D'où le noble maître Aizen a-t-il pu extirper un matou aussi sale, je me le demande, murmura-t-il.
Grimmjaw encaissa le coup sans même broncher ; son regard demeura fixé sur l'horizon, au dessus du crâne de Rupi. L'herboriste plissa le nez, sans parvenir à décider s'il était ennuyé de l'indifférence affectée par l'homme-félin ou satisfait de le voir faire preuve de retenue en sa présence. Compte tenu de l'état de fatigue de son compagnon, une telle performance promettait une résistance acharnée face à la moindre pointe d'autorité ;  Grimmjaw se montrait à la hauteur de sa réputation, si peu flatteuse fût-elle. Dans un brusque élan de mansuétude, Rupi choisit de ne pas relever l'affront, du moins pas immédiatement. D'autres suivraient, et les occasions de remettre son escorte à sa place ne manqueraient pas ; il attendrait que sa victime reprenne quelques forces, car où serait le plaisir à l'écraser dans un tel état de faiblesse ? Il ne tarderait guère à trouver comment balayer ce mépris trop ostensible. Il n'en doutait pas un instant ; il s'agissait d'un de ses passe-temps favoris... Et il avait développé des aptitudes indéniables dans ce domaine, sous la férule de maître Ichimaru.

La grimace de Grimmjaw, lorsqu'il posa finalement ses yeux bleus sur lui, ôta à Rupi tout désir d'être magnanime.
- D'où Ichimaru te sort, personne en doute, merdeux, rétorqua-t-il, d'une voix bien plus ferme que ce à quoi Rupi s'était attendu.
Rupi s'étouffa presque, de stupeur et d'indignation mêlées. Comment cette brute sans cervelle osait-elle insinuer... Ses traits délicats et sa docilité ne l'auraient mené nulle part s'il n'avait eu le talent nécessaire. Nul n'était en droit de le traiter avec hauteur, et certainement pas un chat de gouttière mal élevé que maître Aizen avait laissé moisir dans les tréfonds de Las Noches pendant trois ans. Il ne devait pas sa place à ses seuls rapports cordiaux avec maître Ichimaru ; et s'il avait profité de leur proximité pour obtenir quelques avantages, ce n'était qu'une preuve supplémentaire de finesse et d'intelligence. Il avait su profiter d'une opportunité, ne demander ni trop ni trop peu, se prouver capable aux moments judicieux. De plus, cette sorte d'échanges entre maître et élève étaient parfaitement acceptés parmi la caste des magiciens ; il n'y avait là rien d'anormal ou d'immoral. Il n'avait à rougir d'aucun de ses actes.

Il rougit néanmoins, et Grimmjaw ne manqua pas de le remarquer. Il leva une main à côté de son visage, paume ouverte, en une grotesque tentative de geste appaisant.
- Pas la peine de chialer, j'ai pas les mêmes goûts, grogna-t-il. Les jouets qui font mal et les gamins, pas pour moi.

Rupi hoqueta d'horreur à ce dernier commentaire. Comment Grimmjaw savait-il ? Personne ne devait être au courant de ces détails, personne. Rupi sentit ses poings se serrer d'eux-mêmes sans y prêter attention, car sa respiration était tout à coup devenue pénible, sifflante. Son estomac se noua. Il avait tenu toutes ses promesses, maître Ichimaru n'avait aucune raison de le châtier, de l'humilier de la sorte. Il avait sûrement mal compris ; Grimmjaw ne pouvait rien savoir. Il s'inquiétait sans raison, une fois de plus. Il était impossible que maître Ichimaru fusse contrarié par sa faute. Il n'avait pas déçu les attentes de son maître, puisqu'il était enfin parvenu à entrer au service du Grand Aizen. N'est-ce pas ?
Grimmjaw fronça un sourcil, sans doute inquieté par son comportement étrange. Il lui fallait se resaisir immédiatement, il ne pouvait se permettre de perdre son ascendant sur ce maudit chat, il ne pouvait pas échouer, pas après tous ces efforts, toutes ces... concessions. Il secoua la tête.
- Tu dis des bêtises plus grosses que toi. Et dans ton état actuel, il s'agit sans nul doute une litote, persiffla-t-il.

Les oreilles de Grimmjaw frémirent, arrachant un grognement de douleur à leur propriétaire. Rupi s'approcha, en saisit une de sa main déjà sale et la souleva pour voir ce qui pouvait forcer une créature si tenace à céder à sa douleur. Grimmjaw tressaillit, mais Rupi était trop occupé à détailler les multiples brûlures et plaies à vif, suintantes, pour s'en soucier. Un large sourire étira ses lèvres. A la réflexion, il allait commencer à discipliner son chaton dès à présent. Il tenait à s'assurer de sa docilité et de sa discrétion. Après tout, cette dernière qualité serait indispensable pendant leur voyage. Il tira vers lui d'un coup sec et brusque, usant de tout son poids pour appuyer son mouvement. Grimmjaw poussa un hurlement de fauve blessé et tenta de le frapper ; il l'en dissuada en secouant sans ménagement son oreille.

- Ne t'agite donc pas autant, chaton, susurra-t-il. Je risquerais de tomber, et de me rattraper à la première chose à ma portée, c'est-à-dire ta jolie oreille que voilà. Tu ne voudrais pas que je tire encore plus fort, n'est-ce pas ? Bien. Penche-toi un peu.
Bon gré mal gré, Grimmjaw s'exécuta ; la prise de Rupi sur son oreille semblait déjà douloureuse en elle-même, il était trop faible pour supporter une deuxième traction.

- Gentil matou. Maintenant écoute moi bien. A l'avenir tu te rappeleras, mon petit chat, que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Pour toi, s'entend. Tu t'abstiendras donc de revenir à ce sujet ou à quoi que ce soit d'approchant. C'est compris ?
Grimmjaw se mit à gronder, sans oser manifester de réelle aggressivité. Rupi serra un peu plus son poing sur son oreille ; son grondement s'étrangla aussi sec.
- C'est compris ? Réponds par oui ou non, à haute et intelligible voix je te prie.
Grimmjaw glapit et tenta de détacher la main de Rupi de son oreille. En dépit de ses efforts, Rupi n'eut aucune peine à lui résister. Un simple mouvement du poignet et les bras de l'homme-félin s'écartaient du sien, battaient l'air désespéremment.

- Oui j'ai compris ! hurla Grimmjaw, d'une voix sensiblement plus aigüe que quelques instants plus tôt.
Rupi le lâcha et le regarda s'écrouler au sol, les deux mains plaquées sur son oreille meurtrie. Il aurait dû trouver ce spectacle réjouissant, à tout le moins satisfaisant ; il n'en était rien. Il ne pouvait s'empêcher de reconnaître dans les diverses entailles et brûlures que présentait l'oreille de son futur escorte la trace des instruments de maître Ichimaru, et observer leurs effets de l'extérieur ravivait certains souvenirs dont il se serait volontiers passé. Il savait qu'il aurait dû profiter de l'état de Grimmjaw pour briser sa résistance de manière définitive ; il ne s'en sentait pas le courage. Il était pris de hauts-le-coeurs à la seule idée d'utiliser à son profit la collection de jouets de maître Ichimaru.

Il s'accroupit à côté de Grimmjaw et soupira, jouant distraitement avec une mèche de ses cheveux.
- Oublions ça, chaton, tu veux ? Lève-toi, il y a une auberge pas loin d'ici. Tu pourras te laver et dormir pendant que j'irai te chercher une tenue plus décente, ajouta-t-il, conciliant, devant le manque de réaction de Grimmjaw. Si tu te dépêches, je pourrai peut-être même aller récupérer ton sabre.