Ô didactique ennemie
Dec. 15th, 2010 09:18 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
Déjà l'année dernière, pendant mes cours de didactique en fac d'anglais, je grinçais des dents et marmonnais contre à peu près TOUT ce que pouvait dire la prof...
Bon, cette année, j'ai fait plus simple : le cours de didactique dure trois heures d'affilée, le jeudi après-midi, et en général, à ce moment là, je suis vaseuse comme pas permis. Je n'y ai donc pas mis les pieds depuis le début de l'année. (J'essaie de me convaincre d'y aller demain. C'est pas gagné...)
Là, je retape des cours que m'a généreusement prêté un camarade.
Et j'ai des envies de meurtre. Ou pire, de foutre le feu à ces photocopies de malheur. (Ce qui risquerait de me brouiller avec leur propriétaire, qui ne m'a rien fait, au cas où quelqu'un se demanderait pourquoi je me retiens.)
Camarades professeurs qui êtes passés par là avant moi, pitié, donnez-moi votre secret... Comment est-ce que vous avez fait pour avaler cette merde ? Pour vous retenir de traiter votre prof de propagandiste de la connerie politiquement correcte le jour de l'examen ?
(En dehors du fait que vous êtes sûrement plus matures et moins irascibles que moi, s'entend...)
En fait, j'ai surtout méchamment envie d'informer mon prof qu'une de ses éminentes collègues (qui a le mérite d'enseigner une matière utile et intéressante, mais passons sur la mesquinerie) m'a donné pendant deux semestres des cours d'analyse de documents sur la propagande, et que je suis foutrement tentée de lui apporter des passages choisis de mes cours de didactique.
Pour les gens à qui on a épargné ça :
un élève est "quelqu'un à qui on enseigne, il se charge d'acquérir ce qu'on lui enseigne" ; de la formulation on déduira que c'est une terrible insulte allant à l'encontre de tout le pédagogiquement correct,
il faut donc parler d'apprenant (quelqu'un qui mène une démarche active vers le savoir).
On fera semblant d'ignorer qu'apprendre n'est pas par nature une "démarche active" (ça aurait même plutôt tendance à être lié à une réception-digestion passive de cours par les connotations, voir "apprendre par cœur"), qu'il existe déjà le mot étudiant, qui exprimerait bien mieux l'idée de "démarche active", et qui a également l'avantage de ne pas être un immonde barbarisme.
On s'abstiendra aussi de faire de l'ironie sur l'abus du mot "démarche", qui est censé signifier "façon de marcher", par extension "façon de penser", ou bien "tentative d'obtenir quelque chose d'une autorité" (sans rire, on redéfinit les élèves par une façon de penser conforme aux attentes, ou bien par leurs demandes auprès des autorités - on nage en plein champ lexical du lavage de cerveau, là)...
C'était la deuxième page de mon cours de didactique, et mon pédagogue de professeur avait déjà perdu tout crédit, et pour lui et pour sa matière. Oh, et gagné mon mépris au passage, pour l'usage de jargon inutile et censé camoufler la connerie de son propos.
Autre passage qui m'a particulièrement fait grincer des dents, à propos de la typologie des méthodes (on dressait une liste de caractéristiques, et on comparait les trois types de méthodes) :
" * Support utilisé
Textes littéraires (français soutenu) => méthode traditionnelle
Textes fabriqués => méthode mécaniciste
Documents authentiques => méthode communicative"
...dois-je en conclure que les textes littéraires et le français soutenu ne comptent pas comme français authentique aux yeux des pédagogues ?
Oui je fais du mauvais esprit. N'empêche que je n'invente rien : c'est écrit et photocopié noir sur blanc. Et ça m'agresse la rétine, et mon système immunitaire mental a sorti l'artillerie lourde.
...et je vais devoir apprendre cette merde, par cœur, dans l'espoir que ma réticence ne se verra pas trop et que j'aurai une note décente à mon partiel. Ô joie, ô bonheur.
J'ai de sérieux doutes sur mes chances de devenir un jour professeur, là...
Bon, cette année, j'ai fait plus simple : le cours de didactique dure trois heures d'affilée, le jeudi après-midi, et en général, à ce moment là, je suis vaseuse comme pas permis. Je n'y ai donc pas mis les pieds depuis le début de l'année. (J'essaie de me convaincre d'y aller demain. C'est pas gagné...)
Là, je retape des cours que m'a généreusement prêté un camarade.
Et j'ai des envies de meurtre. Ou pire, de foutre le feu à ces photocopies de malheur. (Ce qui risquerait de me brouiller avec leur propriétaire, qui ne m'a rien fait, au cas où quelqu'un se demanderait pourquoi je me retiens.)
Camarades professeurs qui êtes passés par là avant moi, pitié, donnez-moi votre secret... Comment est-ce que vous avez fait pour avaler cette merde ? Pour vous retenir de traiter votre prof de propagandiste de la connerie politiquement correcte le jour de l'examen ?
(En dehors du fait que vous êtes sûrement plus matures et moins irascibles que moi, s'entend...)
En fait, j'ai surtout méchamment envie d'informer mon prof qu'une de ses éminentes collègues (qui a le mérite d'enseigner une matière utile et intéressante, mais passons sur la mesquinerie) m'a donné pendant deux semestres des cours d'analyse de documents sur la propagande, et que je suis foutrement tentée de lui apporter des passages choisis de mes cours de didactique.
Pour les gens à qui on a épargné ça :
un élève est "quelqu'un à qui on enseigne, il se charge d'acquérir ce qu'on lui enseigne" ; de la formulation on déduira que c'est une terrible insulte allant à l'encontre de tout le pédagogiquement correct,
il faut donc parler d'apprenant (quelqu'un qui mène une démarche active vers le savoir).
On fera semblant d'ignorer qu'apprendre n'est pas par nature une "démarche active" (ça aurait même plutôt tendance à être lié à une réception-digestion passive de cours par les connotations, voir "apprendre par cœur"), qu'il existe déjà le mot étudiant, qui exprimerait bien mieux l'idée de "démarche active", et qui a également l'avantage de ne pas être un immonde barbarisme.
On s'abstiendra aussi de faire de l'ironie sur l'abus du mot "démarche", qui est censé signifier "façon de marcher", par extension "façon de penser", ou bien "tentative d'obtenir quelque chose d'une autorité" (sans rire, on redéfinit les élèves par une façon de penser conforme aux attentes, ou bien par leurs demandes auprès des autorités - on nage en plein champ lexical du lavage de cerveau, là)...
C'était la deuxième page de mon cours de didactique, et mon pédagogue de professeur avait déjà perdu tout crédit, et pour lui et pour sa matière. Oh, et gagné mon mépris au passage, pour l'usage de jargon inutile et censé camoufler la connerie de son propos.
Autre passage qui m'a particulièrement fait grincer des dents, à propos de la typologie des méthodes (on dressait une liste de caractéristiques, et on comparait les trois types de méthodes) :
" * Support utilisé
Textes littéraires (français soutenu) => méthode traditionnelle
Textes fabriqués => méthode mécaniciste
Documents authentiques => méthode communicative"
...dois-je en conclure que les textes littéraires et le français soutenu ne comptent pas comme français authentique aux yeux des pédagogues ?
Oui je fais du mauvais esprit. N'empêche que je n'invente rien : c'est écrit et photocopié noir sur blanc. Et ça m'agresse la rétine, et mon système immunitaire mental a sorti l'artillerie lourde.
...et je vais devoir apprendre cette merde, par cœur, dans l'espoir que ma réticence ne se verra pas trop et que j'aurai une note décente à mon partiel. Ô joie, ô bonheur.
J'ai de sérieux doutes sur mes chances de devenir un jour professeur, là...
(no subject)
Date: 2010-12-16 03:43 pm (UTC)On dit plus "exercice" aussi, on dit "activité"...
(no subject)
Date: 2010-12-21 09:48 am (UTC)C'est l'avantage d'un master professionnel par rapport à un truc théorique. La distinction existe encore, on dirait ^^"
Par contre, pour les catégories de textes, fais attention, ça vient peut-être de ton camarade qui a pris des note succinctes. Avec "méthode communicative" à côté, "documents authentiques" me fait penser à "documents authentiques adaptés à l'âge de l'élève / apprenant / whatever". Autrement dit, tu donnes pas du Victor Hugo à un petit Anglais de dix ans qui débute en français. Il y a eu une époque où ça ne gênait personne de donner du Shakespeare à des gamins de sixième, hein. Donc soit ta prof a fait une omission trèèèès malheureuse, soit ton camarade qui prend des notes n'a pas tout compris. Mais vas-y, à ces cours... Ah, oups, le semestre est fini Oo
(no subject)
Date: 2010-12-21 09:50 am (UTC)(no subject)
Date: 2010-12-21 02:41 pm (UTC)Pour les notes, je sais pas - mais je soupçonne quand même la prof de faire des raccourcis significatifs. (Et entre nous, si c'est pour utiliser trois malheureuses phrases, qu'elles viennent de Shakespeare ou d'ailleurs, quelle différence? C'pas comme si on pouvait pas choisir judicieusement les passages à étudier, non plus. A condition de prendre une transcription en anglais moderne, pour Shakespeare, évidemment.)
...et excuse-moi, mais le coup du "utiliser étudiant c'est pas une bonne idée", c'est relatif. Parce que quand l'alternative est "apprenant"... Je choisirais "étudiant" any fucking time, connotations ou pas.
(no subject)
Date: 2010-12-21 05:07 pm (UTC)